Tout à l'heure je l'ai regardé...

Et j'ai su, oui, J AI SU, qu'il ne serait pas comme son père.
Si c 'est pas malheureux d'avoir à dire ca!

Il avait un petit regard en coin, pétillant, absolument pas calculateur...
Un regard qui disait "maman, tu es marrante quand tu fait la grimace".
Un regard qui disait "maman, je t'aime encore plus quand tu fais la grimace".
Un regard de grande complicité.
Un regard comme je les aime.

Tout à l'heure je l'ai regardé, là, comme ça, en coup de vent, parce que nous étions a un feu rouge, et qu'il venait de passer au vert.
Et on riait tout les deux parce que je me piquait la bouche avec une bouteille de coca qu'il m'avait concédé dans son pochon de bonbons de l'anniversaire d'un copain a l’école.

Et là, j'ai su.
J'ai su, que même si il me fait peur parfois , parce que j'y vois son père.
Parce que je ne veux pas qu'il lui ressemble, parce que je ne veux pas qu'il aie ces défauts la.

Parce que je ne veux pas vivre en étant la mère de celui qui...

J'ai su que non, il se trompera, mais il restera lui.
Il ne sera pas comme son père.
Il a des attitudes, il a des mimiques, des manières de dire les choses, qui réveillent en moi des bouffées de colère, des bouffées d’incompréhension. Il n'a aucun souvenir de son géniteur, mais mon dieu qu’est ce qu'il peut lui ressembler parfois!
Je n'ai jamais voulu renier la paternité de Pepinou. Mais ça m'arrangerai quand même qu'il ne lui ressemble pas.
C'est dur ce que je dis...
Mais pourtant il faut bien que je vois les choses en face.

Mais...
Pendant quelques minutes j'ai respiré, je me suis dit: ouffff...

Le fait d'écrire ce billet réveille l'angoisse...
Mais j'essaie de me rappeler ce visage souriant, de regard complice. Et je vais mieux.

Quand on fait des enfants, on ne les fait pas pour soi.
Et Justement, c 'est dur. De les lâcher, puis de leur donner les cartes.
Non il ne sera pas comme son géniteur, je ne lui donnerai pas les mêmes cartes, j'essaierai de toute mon âme d'en faire un homme meilleur,
Du moins je l’espère!