J' avais dit que je ne voulais pas y retourner...
Dans cet
endroit qui puait l' hypocrisie, le mal être du personnel soignant, la
suffisance des oppresseurs, et la sueur amère des oppressés.
J' avais peur d y retourner; je ne me sentais pas capable.
Je n' étais pas capable.
C 'était mon Burn out...
Quand
tout va mal, et qu' on a même plus envie d exercer son métier, que l'
angoisse nous prend, incontrôlable et que, même si on le voulait, on ne
pourrai pas.
c 'est la dans le ventre, dans la tète, dans les mains, c 'est omniprésent, c 'est le Mal.
Un
Burn Out, la violence extrême de la remise en question de soi, en tant
qu' humain, en tant que professionnelle, en tant que tout.
Un burn out, c 'est ce qu'ils appellent "le syndrome de l' épuisement professionnel".
Ils disent que cela fait parti des risques " psychosociaux" de toute partie de la vie professionnelle de quelqu' un.
Il disent que cela altère le comportement au travail...
Ils disent que c 'est une maladie...
Au départ, ils ont cru que c 'était typique et spécialisé dans les professions qui se disent " aidantes"....
Et puis après, ils se sont dit que peut être
c 'était pour tout le monde....
Le burn out porte bien son nom.... burn... cramer, prendre feu, cuire....
Je me suis consumée de l' intérieur,
Je me suis éteinte à petit feu dans cette profession que j' aimai tant, mais qui ne me ressemblait plus.
Qui ne me ressemble plus.
Victime
d une maladie dans ma vie de tous les jours ET traitant d 'autres
malades dans l' exercice de mes fonctions, je me suis vidée, je me suis
consumée, et il n' est resté de moi que de toutes petites et minuscules
particules de cendres.
Parce que je n' ai pas su ou pu,
me détacher de cette vision de moi en tant que professionnelle, et que
mon identité professionnelle était peut être trop importante pour moi.
Parce
que, peut être, que le regard des autres sur ce que j' étais moi, en
tant que professionnelle de la santé était, au final ce qui m' était le
plus cher, et que le fait de ne plus pouvoir assumer mon travail me
renvoyait un image trop négative de moi même, me coupant ainsi sous le
pied le reste de ce qui restait de mon estime personnelle?
Peut être que je me suis fatiguée a vouloir être celle que je ne serai jamais, ,
Peut être que je n' aspirai pas a exercer mon métier dans ces conditions , peut être que mon métier était pour moi ailleurs?
Peut être qu' en fait je n' ai jamais été faite pour être infirmière..
Peut être que ma sensibilité, mon humanisme, et mon émotivité ont été des facteurs essentiels dans cette explosion de bombe.
Toujours est il, que j' ai du faire un choix.
Soit je perdais mon métier et je continuais a vivre, malgré l' absence de profession,
Soit
je me consumais jusqu' a mon dernier souffle, précipitée par le mal
être qu' engendrait ce manque de confiance, ce manque de reconnaissance,
ce manque d humanité dans un métier qui était censé l' avoir. Et je
mettais ma vie en danger.
Alors j' ai décide d 'arrêter là l' hémorragie.
J' ai décidé que je n' y retournerai pas.
J' ai décidé de vivre...
J' ai choisi de vivre.
Avant j' étais infirmière.
Et j' étais aussi une femme.
J' ai choisi de n' être qu' une femme.
Et je me suis libérée de ce fardeau qui était le mien.
Et j' ai abandonné.
J' ai été lâche, peut être, sûrement même.
Je n' ai pas été persévérante.
Je me suis laissée aller a écouter le fond de mon cœur sans me laisser parasiter par les données extérieures.
Ils disent que le brun out, peut toucher n' importe qui , n importe
quand. Surtout quand il y a des disparités entre les attentes, les envies
et la réalité du quotidien, surtout quand le coté émotionnel n' est
plus geré avec le détachement approprié.
Ils disent que c 'est la maladie professionnelle du siècle.
Et
moi je dis, qu' avant de me faire sauter la cervelle parce qu' on m a a
mis dans une position de faiblesse intense, et de manque d 'estime d en
moi meme inexplicable, je suis partie, j' ai fui, je ne me suis pas
laissée envahir par l' angoisse et par la sensation de ne pas être a la
hauteur.
j' ai fui, et j' ai couru vers les sourires, la reconnaissance, le bonheur, la vie.
Et j' écris aujourd’hui un peu de ce que j' ai vécu pour que le tabou qui enveloppe cette notion de burn out s 'évapore enfin.
Oui nous sommes dans une situation de crise intense, ou tout contrat de travail est précieux.
Mais précieux jusqu' a quel point???
Il
faut arrêter de croire que, comme nous avons un boulot, il nous faut
tout endurer, tout emmagasiner, et tout supporter juste pour pouvoir se
rejouir de gagner un salaire a la fin du mois.
Car le salaire ne fait pas tout.
surtout si vous en arrivez a vous mettre en danger, psychologiquement et du coup physiquement.
J' ai subi un Burn out, j' en ai parlé, j' ai pris une décision.
J' ai trouvé une autre voie professionnelle...
Et puis... cette proposition d 'emploi, deux ans et demi après.
Quelques heures juste.... 9 h... par semaine.
Juste
pour me sentir a nouveau capable de faire ce pourquoi j' ai été formée.
Ce pourquoi j' ai consacré 4 ans de ma vie, et tant d 'heures de
travail.
J' ai dit oui.
Je suis infirmière une dizaine d heures par semaine.
Mais je suis cassée.
Je ne me sens plus infirmière.
Je ne suis pas une vraie infirmière.
Je suis un puzzle recollé, dénué de tout attachement a son métier, dénué d 'investissement émotionnel.
Je suis une allumette consumée.
La flamme ne se rallumera plus.
Jamais.
J'ai trop brûlé deja.
Alors
je regarde devant, la vie professionnelle que je me suis construite en
parallèle. Celle qui m' offre la possibilité d etre celle que je suis.
J'"
y trouve bien entendu quelques tensions, comme dans toute voie
professionnelle. Mais j'y trouve ce que je suis venue y chercher...
Je suis avide de reconnaissance, de sourires, de libre arbitre, de choix.
j' ai besoin d 'estime, de flamme, de passion.
J' ai besoin d 'etre une femme avant d 'etre un costume.
Peut être que j' y brûlerai les ailes.
Nous verrons bien, mais au moins j' aurai vécu.
Parce qu'il peux y avoir une vie apres le burn out.
Différente certes, mais pas moins intéressante...
Et que tout ca n' est pas possible si vous vous taisez, ou si vous vous laissez consumer.
Article très interessant, moi aussi j'ai fait une sorte de burnout. Je pense que l'hopital est un passage important qui te permet de te ressourcer, du moins c'était mon cas.
RépondreSupprimerRomy
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