jeudi 17 juillet 2014

La dépersonnalisation des sentiments

J' avais déjà entendu parler de ce ressenti, sans pouvoir vraiment comprendre ce qu' il se passait dans la tête de celui qui le subissait. J' avais deja vaguement entendu parler de depersonnalisation, d 'enfouissement des sentiments, de vide, de neant.
Et puis ca m' est tombé dessus, sans crier gare, alors que tous les warnings étaient au rouge.

La dépersonnalisation des sentiments,
La dépersonnalisation de MES sentiments.
L' abandon pur et simple de ce que je ressens dans mon coeur, pour ne faire place qu' à des pensees, pragmatiques, logistiques, mathematiques...
L abandon pur et simple de ce que je suis MOI, de mes ressentis, de mon vécu, de mes joies, et mes peines, pour faire place à des équations simples, élémentaires, mais pourtant si ... objectives, si... impersonnelles, si... éloignées de moi.

J' ai ressenti bien des choses, j' ai attendu bien des choses, je me suis investie, j' ai mis mon coeur, mon amour, mes tripes, j' ai mis mes sentiments.
Et puis la vague, le volume, le tsunami, la souffrance, la peur, l' incomprehension, le doute, et, pire: le fatalisme.

Et je suis rentrée là, dans cette spirale infernale, du fatalisme.
L' espoir, avec lequel je jouais à cache cache durant mes nuits et mes jours s 'en est allé, complètement, me laissant là: atone, figée, hagarde.

Ils auront réussi, eux, tous, ceux qui insufflent le doute, ceux qui véhiculent le négatif, ceux qui ne te connaissent pas, mais qui jugent le parcours de vie que tu as choisi.
Il auront réussi à faire de la vie de chaque homme et de chaque femme dans ce pays, tributaire d un bout de papier.
Ils auront reussi a faire de nous des machines, incapables de reflechir de nous meme, et obéissants, sans cette bonne réception du fameux " formulaire" ou de l' "attestation"...

Et les sentiments, eux, sont broyés, ils sont là bien enfouis dans les tiroirs de nos cerveaux, avec un, voire deux, ou même trois mouchoirs bien étalés dessus, histoire de ne pas les faire ressortir a la moindre occasion.

Voila, ils ont réussi a m' anesthésier, tels des hôtes que l'on injecte dans nos cerveaux dans les films américains, ils m' ont eu. Ils m'ont conquise.

Et je suis là, hébétée, je cligne des yeux parce que je ne sais pas trop où je vais, et quel formulaire on me demandera bientôt de remplir, ou quelle attestation il faudra bientôt que j' aille chercher je ne sais où.
Je ne sais pas encore contre quels moulins a vents on me demandera de me battre. Mais une chose est sure:  je ne suis pas Don Quichotte, je ne suis pas non  plus une héroïne.
Et ces sentiments que j' avais là, au fond de mon cœur, se sont évaporés, peu a peu, au meme rythme que les phrases négatives, que les coups de téléphoné dans le vide, et que les musiques d attente interminables.

Ils ne se rendent pas compte, que de tuer l' espoir, que de tuer nos sentiments, que nous anesthésier sur notre propre vie, c 'est tuer la part d humanité de chacun de nous.
Comment pouvons nous etre, plus tard, sensibles au sort des uns et des autres?
Comment pouvons nous continuer a vivre dans une société, dont le principal leitmotiv est nous avillir et nous placer sous la tyrannie d un bout d epapier?

J' avais notion de tout cela, j' avais notion que cela était possible.
Maintenant je le sais, et je lutte, je refuse l' anesthesie. Par fatigue je me suis laissée attrappée, mais non, je refuse.
On pourra faire de moi ce que l' on voudra, mais je ne serai pas quelqu' un de résigné.
On pourra tenter ce que l' on voudra, mais je ne les laisserai pas m' envahir, et participer à la dépersonnalisation de MES sentiments.

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