Exister pour le meilleur et pour le pire.

Du haut de mes quelques balais, et du peu d expérience que j' ai de la vie a deux, j avoue que parfois je suis un peu perdue dans les relations que peuvent entretenir les hommes et les femmes, et, dans mon cas, ceux qui se sont dit oui.

Je me souviens que quand j' ai dit "oui", ce mot voulait dire quelque chose, il voulait dire que je donnais ma confiance, ma fidélité, ma loyauté, mais il voulait dire aussi que je donnais a cet être cher, mon futur mari, l 'importance que je lui devait, l attention que je lui devait. Et que, même si il n' est pas nécessaire d 'être marié pour le faire, nous allions être, a tout les deux, le centre de notre univers, et de notre monde. 

On pourrait croire que je suis fleur bleue, que je suis vieux jeu, rétro, ou tout les qualificatifs propres a une niaiserie profonde. 

Mais non, si il y a une valeur humaine en laquelle je crois encore, plus fort que tout, il s agit bien de l' amour. 

Sans amour, a quoi bon vivre?

L amour, c 'est ce qui a toujours plus ou moins guidé mes pas, les sentiments, le feeling, l affection. 

Sans lui, moi, Pomme, je ne suis rien. 

Je l' avoue, et je dirai même je le revendique. 

Je suis peut être, a moi toute seule, le dernier bastion résistant au ras de marée de la dépersonnalisation des sentiments. 

Mais voila, donner, sans demander, "savoir aimer" seul, dans son coin, sans attendre, sans etre aimé en retour, ce n' est pas non plus un idéal de vie auquel je m' astreindrai... même sous la torture. 

Quand je me suis mariée, je donnais mon coeur, je donnais mon attention, mes sentiments, mon univers. 

Pas moins qu avant de me marier, je le concède: j' avais deja donné tout ca avant de me faire passer la bague au doigt. 

Mais quand je me suis mariée, j' ai pris ce "oui" de l' être aimé pour une affirmation, que tout cela, l' attention, l aide, le soutien, l EXISTENCE l' un pour l autre étaient des valeurs établies, fixes, et surtout, quasiment contractuelles...

Quelle naiveté n 'est ce pas?

Je me suis faite avoir une fois. "Un brouillon" m' étais je dit. J avais un beau pépinou fruit de ce premier amour. Mais visiblement mon univers ne consistai pas en la même chose que ce qu' imaginai l' homme que j' avais epousé. 

Et puis j' ai rencontré Pommier, 

Mon dieu que je suis vite tombée amoureuse de cet homme qui me faisai EXISTER. 

Il etait là quand j' en avais besoin, il entendait, il ecoutait, et il me prenait dans ses bras, me protegeant de toutes ces agressions exterieures dont je n' arrivai plus a me defaire. 

Il m' aimait. 

Il le disait. 

Il me le montrait. 

Je l' aimais aussi. 

Et puis, en un clignement de cil, me voila aujourdhui, en train de philosopher sur cet amour, sur le centre de mon univers qui n' est un centre que pour moi. 

Comment ai je pu croire qu' un homme pourrait un jour vouloir que je sois moi aussi le centre de son univers? 

Comment ai je pu croire qu' un jour, un homme pourrai me faire exister, coute que coute. 

Comment ai je pu croire que je puisse etre LA femme d un homme. 

Je me rend bien compte que les sentiments sont ce qu' ils sont, mais le corps change, les vies changent, les soucis changent aussi, et que, meme si un couple resiste a tout ces changements, les centres des univers peuvent egalement changer eux aussi. Si tant et qu'ils aient existé. 

Quelle naiveté. 

Je croyais que j' etais, que je serais, coute que coute, malgré les epreuves de la vie, le centre de son univers, du moment qu'il y aurait des sentiments, et que nous serions tout les deux. 

Les sentiments sont toujours la, ho mon dieu oui, du moins pour ma part. 

Mais je ne suis plus le centre de personne. 

Et encore moins de lui. 

Sa vie se deroule loin de moi, loin des verités qui devraient etre une base solide dans un couple. Sa vie se deroule sans se soucier de mes aspirations, de mes besoins, de mes sentiments 

Et, malgré mes sentiments, je ne sais plus si j' aurai la force, bien longtemps, de le rappeller a l ordre tout les 15 jours, lui expliquant que j' ai besoin d "exister", et d etre le centre de son univers. 

Je ne sais pas si j aurai encore la force de lui expliquer tout les 15 jours, que je ne veux plus que nous vivions cote à côte, mais que j' aimerai que nous vivions ensemble. 

Je ne sais pas si j' aurai la force longtemps de lui expliquer que j aimeria etre moi, que j' aimerai exister, en tant que femme, en tant qu 'etre aimé. 

Je suis là , a ruminer, a m interroger sur ma capacité a encaisser, sur mon aptitude a tenir la distance. 

Et certaines choses me viennent a l 'esprit... 

Durant ma petite vie de pomme, j' ai vecu plusieurs histoires d amour, et, à chaque fois, les hommes que j' ai eu ne m' ont faite exister que lorsqu' ils m avaient perdue. 

L' un en me disant que sans moi il ne pouvait vivre et que j' etais la seule chose dont il avait besoin, 

L autre en me disant que si un jour la vie nous amenai a choisir entre un enfant e tmoi il me choisirai moi, car nous pourrions faire beaucoup d enfants mais que j' etais unique. 

Et je me rend compte que ce que je voudrai en fait, c est exister dans l univers de mon pommier sans avoir a lui dire qu' il est en train de me perdre.

Je culpabilise, je me morfond, en me disant que je devais bien le savoir, quelque part, quand j' ai dit " oui" que je n 'etais pas le centre de son univers. 

Mais, même si je savais qu' il n etais pas l homme demonstratif ou expressif que ,je voulais qu' il soit, oui, il faisait attention, oui j avais droit a des petites attentions même infimes, auxquelles je n' ai plus droit maintenant. j' avais droit a des verités auxuqelles je n' ai ppus droit maintenant. 

J' aime mais je n' ai plus confiance. 

J aime, mais je n' ai plus envie de me battre pour un univers ou je serai la seule a vivre.

J aime mais je n' ai plus la force d expliquer que j' ai besoin d exister, que j' ai besoin d etre aimee. 

J aime mais je ne peux plus "donner sans attendre"...

Et pourtant j 'aime...

Et le centre de mon univers reste inchangé. 

Mais jusqu' a quand?

Jusqu' au prochain mensonge, jusqu' a la prochaine crise, 

Jusqu' a ce qu 'un autre homme me fasse " exister"? et que je vive un eternel recommencement?

Je suis lasse. 

Pour le meilleur et pour le pire. 

Pourquoi faudrait il qu il y ai un pire?

Pourquoi la femme devrait elle faire toujours des efforts pour surprendre son homme et jamais le contraire? 

Pourquoi ne suis je pas une etoile assez brillante pour qu' il me regarde?

Je suis lasse d aimer sans un retour honnête, je suis lasse d aimer sans avoir confiance, je suis lasse de faire exister sans exister moi même...