samedi 17 mars 2012

L' heureuse vie d' une infirmiere (ou pas)




Qu'on se le dise...

Non, non , non, on ne fait pas un métier fantastique, magnifique  ou au combien autosatisfactoire!

Il y a, dans la croyance populaire, une série stupéfiante de clichés liés au métier d' infirmière...

Même si la gente masculine se plait à imaginer une l'infirmière sexy qui propose une piqûre d 'une voix envoûtante  et en levant une jambe ho combien fournie en porte jarretelles et compagnie, se retrouve parfois relativement déçue de voir nos tronches somme toute normales et banales, il n'en reste pas moins réel le fait nous sommes des personnes humaines et douées de consciences, d 'émotions, et de jugements.
Certaines personnes pensent que nous sommes mariées avec nos jobs et que nous sommes aussi vouées à notre profession qu'une Religieuse à son Dieu.
Moi je dis STOP!

stop stop stop....

On est des gens normaux, nous avons des familles, nous n'avons pas toujours la forme, nous ne sommes pas des bêtes de travail....
Et, surtout, ce n' est pas parce que nous sommes des infirmières que nous avons la "vocation". 
Ce n’est pas parce que c 'est un métier difficile et que nous sommes là, que nous devons tout subir.

Je déteste quand un patient me dit "vous êtes payée pour ca". Je ne suis pas payée pour être attentionnée et gentille. 
Je déteste la majorité de mes collègues: celles qui te regardent dans les moindre détails quand tu te sapes. Celles qui te traitent de chochotte quand tu dit que tu perds du sang et que tu en es a 4 mois de grossesse. Celles qui boivent un café à la tisanerie, qui ont fini leur tour, et qui ne daignent pas venir t'aider ne serait ce que 5 minutes pour que tu puisse souffler toi aussi. Celles qui, quand il y a une erreur de faite, ont toujours des noms a donner mais jamais le leur. Celles qui rentrent dans le bureau de chef pour dénoncer leur consoeurs. Celles qui sont tellement aigries par leurs années de carrière, qu'elles se permettent de juger tout le monde, patient, familles, et collègues, et qui ne se gênent pas pour "baver"  alors que quelque part on est pas la pour ca...
Je déteste le fait que nous soyons payées a coup de fronde, alors que nous manipulons des produits dangereux, pour les patients et pour nous même.
Je déteste que nous passions 3 ans et demie de notre vie dans une école d’infirmière, à en CHIER littéralement, pour être reconnues comme étant des BAC +2.
Je déteste que nous soyons obligées d 'être des secrétaires, des standardistes, des pharmaciennes, des mathématiciennes  des psychologues de relations professionnelles...
Je déteste d'avoir a effectuer mon travail avec un oeil constant sur l'horloge.
Je déteste me rendre compte que mes patients ne savent pas ni pourquoi ils sot là, ni comment ça va se passer, ni ce qu'ils doivent faire, parce que les médecins se sont dit que l’infirmière allait le faire.
Je déteste que lorsque tu es étudiante, les équipes te prennent pour un pigeon et profitent de toi et de ta force de travail pour alléger le leur.

Je déteste tant de choses dans ce boulot que je pourrait vous en citer encore pendant très longtemps, mais d 'un autre coté, je l'adore.
Je n'aurai pas pu ne serait ce que tenir les 6 premiers mois en école d’infirmière si je n'avais pas aimé ce job.

J ai travaillé dans plusieurs services. J'en ai aimé certains plus que d'autres. 

J'emporterai avec moi dans la tombe le souvenir d' un patient, qui, pendant 2 jours de repos consécutifs, a dégringolé. J'avais avec lui une relation tres speciale car nous ne pouvions pas nous voir les premiers temps de son hospitalisation. Quand je suis revenue de mes jours de repos, je suis tombée sur sa fille dans la chambre, qui m'a dit:  "il vous attendait". Il a ouvert un oeil il m'a dit "ah... mon infirmiere préférée". Puis  il est reparti... 2 heures après il mourrait dans mes bras. ce patient m'avait attendu moi 
j'ai pleuré pendant 2 jours.
Je me souviendrai toute ma vie du premier bébé que j'ai mis au monde (avec le gynécologue bien sur!!!!).
C 'est pour des souvenirs comme çà que j'ai choisi de faire mon boulot.
Mais à un moment donné le négatif l'emporte sur le positif...



Je resterai toujours ouverte aux gens, empathique à l’extrême, et d'un naturel voué à l'autre.


Mais je ne peux plus.
C'est trop dur.
Je ne peux plus travailler dans un monde ou patientèle devient clientèle.
Je ne peux plus travailler dans un monde ou l'administratif et plus important que l'humain.

Alors non.

Tant que le système ne changera pas, tant qu' on ne me laissera pas faire mon boulot correctement, où qu 'on ne m'en donnera pas les moyens, je n'y retournerai pas.
Ça me manquera, je le regretterai peut être. 
Mais je n'ai pas passé mon diplôme pour aller au boulot la boule au ventre.



Alors voilà comment s 'achève pour le moment mon heureuse vie d’infirmière... qui ne l’était pas tant à l’évidence...




2 commentaires:

  1. Témoignage poignant et malheureusement ô combien réel. Pour les avoir côtoyé en tant que secrétaire médicale, je sais qu'elles ne font pas un métier facile et qu'elles sont pourtant aux premières loges pour se faire taper sur les doigts (par les patients, par les cadres, par les médecins) ! Je ne sais pas où tu travailles, mais des infirmières, il en manque de partout, peut-être devrais-tu tenter ta chance ailleurs (autre service, autre hôpital, autre structure, autre ville) en espérant que cela t'enlève la boule au ventre ?
    Pensées amicales

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  2. Le souci quand on est empathique, c'est qu'on est comme des éponges et il arrive un moment où tu satures complètement! A trop donner et rien recevoir on meurt à petit feu étouffés par les soucis des autres. ET bon sang que je comprends ton besoin de reconnaissance dans ton travail si difficile!

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