Une femme, infirmière, un burn out, un amour, 2 enfants, puis un petit troisième venu fraîchement du Vietnam, l'aventure de l'adoption internationale... Et des états d’âme, des coups de gueule, des mots d'amour, d'espoir, de désespoir... La vie de la femme, de la maman, de l'épouse, de l' infirmière...
jeudi 26 juillet 2012
Parce que je ne veux plus jamais choisir
A peine atteint la majorité, je me suis disputé avec mon père.
Je me suis disputée assez fort pour lui écrire un jour une lettre très dure lui disant que désormais j'adoptais non pas l'ignorance, mais la non existence en ce qui le concernait.
Depuis ce jour, je n'ai plus de relations simples et tranquilles avec mon père.
Je suis un parasite, et il me le fait bien sentir : il n'est pas "papy" parce que "pour être papy il faut deja être pere".
Nous avons tous deux des relations courtoises se limitant a "bonjour, ça va ?" qui ne sont qu'illusoires.
Alors voila je suis là, avec un père que j'ai rangé il y a dix ans dans la case "non existence", et avec une famille paternelle en pointillée, a laquelle je donne une place comme je peux, en jonglant avec mes sentiments, mes peurs, mes souvenirs ( bons et mauvais), mes envies et surtout mon besoin de recul.
Apres m’être disputée avec mon père, ma soeur, solidaire, m'a suivie, et m'a défendue. Telle qu'elle avait toujours été habituée à le faire.
Cela nous en aura coûté notre relation a la famille paternelle a toutes les deux.
Quelques temps après, nous avons essayé de revenir, de montrer patte blanche, de laisser nos ego de coté. Mais face a l’incompréhension, face a la violence de la crise, cette même famille paternelle n'a pas su réagir dans la préservation de ces mêmes liens.
Et nous nous sommes éloignées.
Pendant des années je n'ai eu de nouvelles ni des uns, ni des autres. A part mon parrain, qui est également mon oncle, et qui est tout simplement, le premier homme de ma vie.
Et là vient le pourquoi de cet article aujourd hui.
Ma cousine.
Un peu ma soeur, un peu mon amie, un peu de moi aussi.
Des dizaines de fous rires, des centaines d' heures passées ensembles, une enfance entière de souvenirs, et tant de temps sans nouvelles d'elle.
Ma cousine: un peu ma soeur, s 'est éloignée de moi, et je me suis éloignée d 'elle.
Car dans cette histoire de dispute paternelle, elle n'a su garder une place intermédiaire, et je n'ai su ne pas la prendre a parti.
Et nous nous sommes déchirées.
Ma cousine et ma soeur ont eu des mots, des maux, et même des phrases, des sentences, et des "plus jamais".
A ce point que ma vie prenant le dessus, j'ai mis un mouchoir sur mon tiroir, et je l'ai fermé. Je ne pouvait pas me séparer de ma soeur qui vivait la même chose que moi a l’époque. Je ne pouvais pardonner a toute ma famille paternelle de ne pas nous avoir révélé l'existence de notre frère avant, je ne pouvais pas leur pardonner de ne voir en nous que des "demies-leurs". Nous avions une mère extérieure a la famille et une Education qui n’étais pas entièrement la leur. Je ne pouvais leur pardonner de nous jeter la pierre d 'être parties alors que c 'est notre propre pere qui a prononcé les paroles d 'éxil: "je ne veux plus jamais te revoir, sors de chez moi". CQFD.
J'ai fait mon deuil de mon pere.
J'ai fait le deuil de l'image que je me faisait de lui.
Mes yeux se sont ouverts,
Mes maux sont remontés.
J'ai mis le temps, mais je les ai gérés.
Et ma cousine : un peu ma soeur, a donné la vie.
Un peu d 'elle dans une être minuscule,
Un peu d'elle dans un être vivant,
Et la joie, le bonheur d une vie un peu accomplie.
Et c 'est un peu comme si moi aussi je donnais la vie, au travers d' elle.
Je n'ai pu me résigner a ne pas faire partie de ce moment, a ne pas lui faire parvenir ma joie, et quelque part mon amour pour elle.
Alors nous avons repris contact, toutes deux, juste pour se dire que plus jamais nous ne nous quitterions de vue dans ces circonstances là.Juste pour se dire qu'il fallait que l'on soient honnête l'une envers l'autre et que plus jamais nous ne manquerions de franchise.
Nous avons repris contact, parce que je l'aime, qu'elle est ma cousine: un peu ma soeur.
Alors je suis là aujourd hui, a pleurer devant mon clavier parce que je me suis trompée.
Je n'ai pas dit a ma cousine: un peu ma soeur, que je me mariai en juin dernier.
Et aujourd hui je l'ai vu, elle a pleuré. Elle l' avait appris, mais pas de moi. Et elle était triste.
Elle a pleuré en me disant qu' elle aurait compris si je le lui avait dit et qu'elle n’était pas invitée, mais qu'elle aurait aimé savoir juste pour se réjouir ce jour là et être heureuse avec moi.
Elle a pleuré et elle m'a dit qu'elle m'en voulait mais en me prenant dans ses bras et en me disant qu'elle m'aimait.
Et j'ai pleuré avec elle parce que je voulais pas ca.
Et je suis là, a pleurer devant mon clavier, parce que je ne peux choisir entre ma soeur et ma cousine qui est un peu ma soeur.
Parce que je me suis deja disputée avec ma soeur, elle aussi m'a fermé la porte pendant de longs mois.
Mais elle a trouvé la force, de revenir, de recommencer. Et moi aussi. Alors je ne comprend pas.
Et je suis là, en colère, que la vie me demande de faire un choix que je ne veux pas faire.
Et je suis là, en colère, que les gens que j'aime ne soient pas capables de se voir, juste pour mon bonheur a moi.
Et je suis là, en colère contre la vie, parce que ma cousine, c 'est un peu ma soeur, et c 'était aussi un peu la soeur de ma soeur.
Et je suis là, en colère, un peu contre ma soeur, parce qu' elle ne veux pas trouver ni la voie, ni la voix, pour retrouver celle qui était un peu sa soeur. Parce qu'elle a souffert, et qu'elle en garde le coeur a vif, malgré tout.
Parce que j'aime ma soeur.
Parce que j'aime ma cousine.
Parce que je ne veux plus jamais choisir.
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Une complexité dans les relations familiales que j'ai aussi avec la famille de ma mère !
RépondreSupprimerLes blessures de famille sont les plus dures à soigner ; on n'est jamais sur qu'elles guériront et lorsqu'elles s'infectent, ça devient invivable. Ma mère n'adresse plus la parole à un de ses frères depuis plus de 15 ans pour des histoires que je ne comprendrais jamais vraiment. Mon autre oncle ne parle plus à mon grand-père depuis 10 ans et fuit la famille. Je n'ai jamais pu être proche de mes cousins, au sein d'une famille déchirée, c'est impossible. Heureusement que j'ai mes cousins du côté de mon père, où l'union fait la force. Tu as su trouver les mots à poser sur ta douleur, j'espère qu'ils t'apaiseront et que tes relations avec "tes sœurs" resteront bonnes, quoiqu'il arrive. Bisous et courage
RépondreSupprimerpas evident .. mais si fréquent chez chacun d'entre nous .. ne te déchires pas ma pommes .. fais comme ton instinct te guide .. et sois en paix avec ta conscience .. le temps fera le reste ....
RépondreSupprimerOlala quelle situation...
RépondreSupprimerJe te dirais bien "écoute ton coeur" mais ton coeur ne sait plus où il en est et ton coeur trouve injuste de devoir choisir... Je comprends...
Alors je ne sais pas quoi te dire mais ce texte est magnifique.
Bon courage petite Pomme !!
Bisous
bouh... c'est horrible comme situation... je ne comprends pas que les gens se déchirent à ce point... je ne comprends pas que les gens ne pensent pas un peu plus aux autres qu'à eux mêmes ...
RépondreSupprimerbisous ma pomminette <3
@corinne: ...
RépondreSupprimer@ginie: je ne sais pas, nous verrons bien.
@goguey: mouais....
@cecile: merci!
@chanone: bises!