Le texte qui va suivre est une suite du texte appelé "Joséphine", publié sur ce blog le 09 septembre 2016 visible en cliquant ici
Alors que Roselyne vient de passer la porte pare feu, j' accélère le pas afin de profiter de l' ouverture qu' elle offre à moi.
Alors que Roselyne vient de passer la porte pare feu, j' accélère le pas afin de profiter de l' ouverture qu' elle offre à moi.
Le vestiaire...
Comme tous les vestiaires que j' ai pu
voir dans les divers hôpitaux où j' ai fait mes stages à l' école
d 'infirmière, les casiers sont hauts, certains sabots jonchent le
sol, et d' autres s' alignent sur le haut des casiers. Je n' ai
jamais compris pourquoi, mais il y a toujours plus de sabots que de
casiers, comme si les gens les collectionnaient. Des cintres sont
suspendus n' importe comment a certains casiers, et d 'autres sont
bien rangés sur un portant. Un lavabo avec un miroir cerné de
lumières, comme dans les loges des artistes dans les grands théâtres
nous renvoie sa lumiere agressive. Sur le rebord traînent 2 ou 3
déodorants, qui côtoient du savon doux a usage hospitalier et du
gel hydroalcoolique.
L' odeur est forte, mélange de sueur,
de parfum, et d 'odeur de pied.
Roselyne me regarde, un sourire aux
lèvres :
« -voila... c 'est notre
royaume ! Ton casier est là ! On a pas de cabine par
contre... ici tout le monde connais les fesses de tout le monde !!
-heu... ok »
Je m' approche de mon casier, il grince
quand je l' ouvre, mais je l' aime bien deja.
C 'est mon casier.
Mon prénom est marqué dessus.
C 'est la première fois que j' ai un
casier avec mon prénom dessus. Ça me fait quelque chose.
J' entreprend de sortir de ma poche mes
effets personnels, mes sabots, mon déodorant, un briquet, ma montre,
mon stéthoscope, et mes stylos.
Je m' habille, en essayant de ne pas
faire attention à Roselyne qui me tend des œillades curieuses.
Lorsque je me glisse enfin dans mes
sabots, le stress a disparu.
Mes sabots m' ont toujours fait cet
effet là : C 'est comme si ils étaient le rempart entre mon
moi et mon moi infirmière. C 'est comme ses personnages de conte de
fées qui deviennent quelqu' un d 'autre quand ils passent un
vêtement particulier. Moi c 'est mes sabots fleuris.
Je suis Roselyne, le couloir est long,
et je vois des noms sur chaque porte que nous dépassons. Enfin nous
débouchons sur une grande salle, parée d 'immenses baies vitrées
qui nous donnent un spectacle époustouflant sur la chaîne des
Pyrenees.
« -Ouaou ! C 'est la salle
de déjeuner ?
-ho ma cherie, c 'est la salle pour
tout ici !!! on a que celle la, mais c 'est vrai qu' elle vaut
le coup !!! allez, suis moi, on est bientôt au bureau
infirmier ».
Quelques metres plus loin, donnant sur
la grande salle, un bureau vitré est eclairé. Roselyne me laisse
passer en premier :
« - Hey !! ls filles !
Regardez qui je vous amene là !!! »
c 'est alors que je vois, autour d' une
table au fond du bureau, des femmes, toutes avec un mug fumant dans
leurs mains, qui levent les yeux sur moi.
Elles sont six. Deux d 'entres elles
viennent de faire la nuit. Je le vois a leur visage tiré, et a leur
coiffure defraichie. Toutes me sourient.
« - bonjour !
Enchantee !
-Tu dois etre Josephine Beaulieu ?
La nouvelle infirmière ?
- Oui, c 'est moi.
- Parfait tu arrives pile poil a
temps pour les trans !
- Super ! Vous avez une feuille
par la, pour que je prenne des notes ? »
Une jeune femme d 'a peu prés mon age
tend la main vers le centre de la table où des feuilles et un pot a
crayon trônent. La plus âgée de toute, les cheveux blancs
ébouriffés, se lève avec un bâillement, et se dirige vers ce qui
semble etre une cafetière.
« - je pourrai pas aligner 2 mots
tant que j' aurai pas une rallonge de café dans ma tasse !
Josephine ? Tu en veux ?
-Oui merci ! »
Et voilà... en 2 minutes, je me
retrouve assise a une table, le mains autour d 'un café fumant, et
j' écoute mes nouvelles collègues se faire les transmissions.
Trois heures plus tard, j' ai réussi
a distribuer les médicaments, tant bien que mal, autour du petit
déjeuner. Heureusement mes collègues m' aident a me dire qui est
qui. Je sens le regard de Roselyne m' envelopper de temps en
temps...ca me rassure parce que je suis lasse de demander aux
collègues, déjà occupées, de m' indiquer qui est qui. Il faut
vraiment que je me trouve un trombinoscope. Ils ne sont pas nombreux
dans mon aile, mais je crois que je vais avoir un peu de mal avec les
noms et prénoms.
A part Roselyne, je n' ai réussi a
retenir que le prénom d' une aide soignante, Irma. C 'est bête mais
le prenom sors tellement de l’ordinaire et lui colle tellement a la
peau, que pour une fois je n' ai pas eu de mal a l' intégrer.
Une fois le chariot des pilulier
vérifié pour m' assurer d avoir donné leur traitement a chacun des
residents, je souffle un coup. J' ai chaud.
Mes 3 autres collègues infirmières
avaient fait en sorte de ne pas me laisser de prise de sang ce matin.
Tant mieux ! Je ne sais pas si je m' en serai sortie...
Je deteste les premiers jours.
Je n' aurai jamais pu faire
interimaire. Je suis trop fragile dans ma confiance en moi en tant
qu'infirmiere. Avoir le diplôme c' est bien joli. Être une
infirmière c 'est une autre paire de manche.
Et puis, je devais aller aux urgences
moi... pas le même rythme, pas le même job, pas la même
population, pas le même stress... mais toujours à coté d 'un
médecin, jamais lâchée dans la nature a devoir prendre des
décisions dans l' urgence.
Je déteste les premiers jours.
Tu ne sais jamais où sont rangés les
dossiers, les médicaments, le matériel. Tu ne sais même pas a qui
tu as a faire.
Je déteste les premiers jours.
Mais là ca va quand même. Mes
collègues ont le sourire, se préoccupent de moi et m' aident.
Oufff...
La matinée ne fait que commencer ceci
dit... j' ai du pain sur la planche...
vivement tout a l' heure... que je
plonge mes doigts dans le poil soyeux de Poilu, mon chat, ca voudra
dire que j' ai survécu a ma première journée...
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