dimanche 28 janvier 2018

96 H

4 jours que tu es avec nous maintenant.
4 jours, soit 96 heures...

96 heures que tu luttes contre ce méchant virus qui te fatigue beaucoup, que tu ne nous comprend pas, que tu essaies de t 'adapter,et que tu découvres, petit a petit, qu' il y a un monde en dehors de l' orphelinat. Les odeurs, les gens, les couleurs, les klaxons, la vie trépidante d 'une capitale, et nous.
J' avoue ça doit être assez violent pour toi tout ça.
Et moi, en maman indigne, j' essaie deséspèrement de te soigner, et de te faire te moucher au moins 150 fois par jour alors qu' au Vietnam, on ne se mouche pas! A ma frustration quand je sors le mouchoir de devant ton nez, et que la première chose que tu fais c 'est renifler.

96 heures que nous sommes devenus tes parents a temps complet. Que nous essayons, tant bien que mal, de t' offrir du bien être dans cette nouvelle situation.
Ce n' est pas simple.
Toi qui souriais a l' orphelinat, dans ton élément, tu ne souris plus. Trop dur a gérer  tout ça.
Toi qui mangeais si bien à l' orphelinat, dans ton élément, tu manges correctement environ 1 repas sur 3... car soit tu ne manges pas, soit tu vomis ( le virus!).
Toi qui dormais à l' orphelinat, dans ton élément, toi qui partais en trottinant faire ta sieste, nous n' arrivons pas a te faire envisager de dormir sans que tu pleures...

J' aimerai te dire tant de choses, que je ne peux pas te dire car tu ne les comprend pas.
Alors Je te dis les plus importantes... je ne veux pas te noyer, l’incompréhension étant, je pense, une source de stress supplémentaire.
J' aimerai que tu prennes tes marques, que tu prennes ta place, que tu n' aies pas peur de t'endormir, mais que tu n' aies pas peur de te réveiller non plus.
Le matin, quand, a 9h30, tu gardes obstinément les yeux fermés, la tète tournée vers le coté opposé a nous, et que tu refuses de les ouvrir... j' ai le cœur qui s 'émiette... La peur de ne pas nous retrouver? ou justement la peur de nous retrouver? Je crois que tu es dans une ambivalence la plus totale.

J ai le cœur qui s 'émiette de ne pas avoir les moyens de te rassurer, de t 'expliquer, de te faire sourire.

Quand des personnes vietnamiennes te parlent, tu ne répond pas. Elles te posent des millions de questions mais tu ne répond jamais.
Et j' aimerai tellement qu' on te laisse parler, que des sons sortent de ta bouche, et que tu puisses nous dire ce qu' il se passe dans ta petite tete, et dans ton cœur.
Ton cœur qui , hier soir, a littéralement débordé dans une crise de larmes longues de plusieurs heures.
Je t 'ai bercé a en avoir mal aux bras, mal aux épaules, mal au ventre. Je t ' ai bercé comme un nouveau né, je t 'ai serré, et nous étions trempes  tout les deux. Nos deux sueurs mélangées, et tes larmes qui dévalaient dans mon cou...

Ce matin quand papa t ' a réveillé, c 'est avec des larmes que tu as démarré ta journée. Avec ce refus obstiné de nous regarder... jusqu' au petit déjeuner. Et mon cœur en miettes....

96 h...
Les 96 h les plus difficiles que je n' ai jamais connues en tant que maman...

Et pourtant...
A coté de toutes ces difficultés, je trouve que tu as un don pour te faire comprendre sur les choses basiques qui est bien a toi. Ton regard est si expressif que j' ai parfois l' impression que des mots sortent de ta bouche.
Cela fait 2 heures que papa et moi, nous t 'avons pris dans le lit, l' air de rien, juste pour regarder la Tv et se reposer un peu pendant la sieste... et tu t 'es endormi, contre l' épaule de papa qui est trempée elle aussi. Tu dors paisiblement. Enfin.
Et pourtant...
Quand on te met un pamplemousse devant, tu te jettes littéralement dessus, avec tes petits doigts tu défait patiemment chaque grain qui composent la pulpe du pamplemousse, et tu as quelques petits grognements de satisfaction quand tu les manges. Papa et moi on pourrait te regarder faire ca pendant des heures...
Et pourtant, quand tu me tend les bras quand on va marcher, parce que tes petites jambes ne sont pas assez fortes pour te porter, et que je sens tes mains s' agripper a moi, je pourrai pleurer de bonheur...


96 H.
96 H de souffrances,
96H de bonheurs,
96 H de toi,
Mon fils du bout du monde...




2 commentaires:

  1. Sur place, avec nous, Alexandre refusait de boire (il faisait 40 degres) et se nourrissait peu... on a essayé plein de trucs mais il n y avait pas grand chose qu il acceptait. Le 1er matin à la maison en France il a en-fin accepté le biberon presque complet. Certain disent qu ils ont peur que vous le rameniez à l orphelinat et que chez vous, il comprend que c'est pour de bon, pour toujours. Je vous souhaite que le retour se fasse maintenant rapidement et qu il sente que sa vraie famille pour toujours c est VOUS! Pour toujours! Vous avez vécu des débuts difficiles. Il ne comprend sûrement pas votre "hésitation" à le ramener avec vous. (C'est peut être comme ça qu il a interprété cette longue attente de tampon...) Lui avez vous dit ? Lui avez vous expliqué ?
    Deux cultures, deux langues différentes mais une seule histoire d amour que vous êtes en train d écrire. Continuez les liens, les paroles rassurantes, les gestes d amour. Laissez lui le temps de comprendre, de s adapter à vous. C'est long. C'est jamais complètement acquis. C est dur. Mais que c est beau! Bon courage! C'est pour de vrai et pour toujours cette fois! Pour TOUJOURS!

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  2. Bonjour, ce doit être vraiment difficile pour vous, et pour lui aussi. Continuez à lui montrer qu'il peut avoir confiance en vous, c'est la première étape mais on a déjà du vous le dire. A partir du moment où il aura compris qu'il peut vous faire confiance ce sera plus facile. Notre fils s'est adapté plus rapidement, on a eu de la chance. Cette période un peu difficile a duré à peine 3 jours. Il ne mangeait pas beaucoup non plus au début, on lui laissait toujours quelque chose à disposition. Il ne parlait pas aux gens non plus. Il lui arrivait de crier un nom au milieu de la nuit, celui de la nounou peut-être, on ne comprenait pas. Il fallait toujours que l'un de nous 2 aille faire la sieste avec lui, même une fois rentrés, c'est le sommeil qui est resté le plus compliqué. Ne jamais perdre confiance, c'est un tsunami pour vous et pour lui mais il faut lui laisser le temps de comprendre qu'il est en sécurité avec vous. Bon courage. Patricia

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