lundi 4 février 2013

Leurs naissances, mes regrets...


Quand je suis devenue maman, ma vie a changé. J' étais devenue, en mettant ce petit etre au monde , une maman... une vraie adulte... Le mariage que je venais de vivre n'etait pour moi qu 'un debut... Mais seule la venue au monde d 'un enfant, d' un plus petit que soi, d' un mini nous, nous fait prendre conscience de notre devoir sur terre, de notre vocation de mère, du travail de notre vie.
Je crois que je suis une bonne mère...
Parfois impatiente, stricte et autoritaire, mais toujours aimante..

Quand j'ai du me rendre a la maternité pour mettre au monde mon aîné, je venais de vivre une grossesse difficile ponctuée de menaces de fausses couches, de diabète gestationel, et de menace d 'accouchement prématuré. Je subissais malgré moi l'angoisse de toute maman ayant peur de perdre un enfant...
Lorsque j'ai poussé les portes de la salle d 'accouchement, au dela de la promesse d 'une nouvelle vie, et d 'un petit etre cher au creux de mes bras, je me libérais d une grossesse dont je n'avais pas su profiter a sa juste valeur, meme si j'avais eu envie d 'aimer porter ce petit pepin qui grandissait en moi.
J'ai rit pendant chacune de mes contractions pendant plus de 6 heures, le temps qu'il m' a fallu pour regagner la salle obstetricale. Puis les choses se sont gatées, mais le sourire ne m'a jamais quittée.... au bout de 12 heures, apres une souffrance de l'enfant et le risque que cela devienne dangereux pour moi, nous avons ete contraints de faire une cesarienne pour faire sortir ce petit bout de chou.
J'ai trés bien vecu cette cesarienne... Elle n'était , tout bien réfléchi, qu' a la hauteur de la grossesse que nous avions vécus tout les deux.
Mais c 'était l' aboutissement d 'une grossesse angoissante, et le debut d une vie merveilleuse.

 4 ans plus tard, lorsque j'ai appris sur le petit bout de plastique que j'étais enceinte de ma seconde, une vague chaleureuse de bonheur m'a envahie... Cette grossesse representait pour moi l'aboutissement d 'un long traitement contre une maladie auto immune qui me rongeait.... La possibilité de faire un second enfant lorsque mon corps malade ne serait plus dangereux pour lui et moi meme, m'a porté tout au long de 18 mois de traitement lourd et fastidueux.
La grossesse s 'est bien passée. Fabuleusement, en comparaison de ma premiere experience...
J'ai voulu , alors, resolument , accoucher normalement de ma petite princesse....
C 'est alors que s' imposait à moi la volonté de vouloir accoucher "normalement" de ma petite fille que je me suis rendue compte que la cesarienne, meme si je l'avais bien vecue sur le moment, avait laissée en moi un goût amer d 'impuissance, un sentiment d 'inachevé, l'impression de n'avoir pas su effectuer mon travail de maman jusqu'au bout.
Je me suis mis "martel en tete", et j'ai decidé que ma fille serait une "accouchée" et non une "césarisée".

J'ai decidée que je lui devais bien de la faire naître par mes propres moyens, elle qui m'avait donné la force d eme battre contre ma maladie.

Je me souviens avoir fait des crises d 'angoisses, par moments, par peur de ne pas y arriver.
Je me souviens avoir effleuré du doigt des larmes d incertitude, et expulsé quelques sanglots d 'espoir mêlés a des regrets de n'avoir pas ete capable de le faire la première fois.

Quand j'ai du me rendre à la maternité pour mettre au monde ma petite seconde, ma princesse, je venais de vivre une grossesse normale, pendant laquelle j'avais ressassé pendant des heures entières mon envie de finir mon travail de maman et la volonté d 'accoucher par voie naturelle...
Lorsque j'ai poussé les portes de la salle d 'accouchement, j'avais le sourire aux levres, parce que j'allais pouvoir me prouver a moi meme, que j'etais capable de le faire, que je n'etais pas une demie mere ( sous entendu qui commence le travail [pour moi dilatation complète les deux fois] ), que je pouvais finir mon travail.
Au bout de 15 heures de travail difficile, apres une souffrance ( encore!) de l'enfant ET de moi meme  nous avons ete contraints de faire une césarienne pour faire sortir ma princesse...
Je n'etais malheureusement ( ou pas! ) pas en etat d'opposer mon veto, je ne pouvais tout simplement pas finir le travail. Mon etat physique ne me permettait meme plus d ouvrir les yeux, et de respirer correctement.

Quelques minutes plus tard, apres une cesarienne en urgence, ma princesse naissait, en souffrance foetale avérée. Et moi je recuperais peu a peu ma conscience libre et entiere.
J'ai caché mon désespoir, parce que la souffrance d une maman qui avait le sentiment comme moi de ne pas avoir fini son travail de maman n'est pas comprise.
C 'est un peu un sujet Tabou.
Et j'ai sourit.
J'ai sourit fort, j'ai embrassé ma fille que j'avais failli perdre, fort.
Et je sais que c 'etait la meilleure solution.

Mais j'ai et j'aurai toujours, je crois, cette sensation d inachevé....
J'ai la particularité, en comparaison avec les autres mamans, de ne pas savoir de quoi on me parle lorsqu'on me parle d 'un accouchement....
Je sais ce qu'est le travail de dilatation, je sais ce qu'est de pousser.... Mais je ne sais pas ce qu'est le fait d 'expluser son enfant, de l'atttraper, de voir le cordon ombilical se couper....
Je ne sais pas ce qu'est tout ca...


Depuis mes debuts bloguesques j'ai pu lire pas mal de blogs parlant de l’accouchement....
J'ai pu lire beaucoup de blogueuses pousser des coups de gueules en disant que d' accoucher par cesarienne n'est pas honteux, que nous n'en sommes pas de moins bonnes meres....
Oui , et je suis formellement en accord avec ces remarques.
MAIS,
On ne m’enlèvera pas de la tete qu'il y a une chose que j'aurai voulu vivre une fois dans ma vie, que je ne vivrai jamais.
On ne m'empechera pas d' avoir la sensation, au fond de mon coeur, que je n'ai pas pu achever mon travail de maman, et que je n'ai pas su leur donner la vie comme j'aurai voulu le faire.

ET j'aurai toujours tapi, là, au creux de mon coeur et de mes tripes, cette sensation de manque...

10 commentaires:

  1. Comme toi, j'ai eu des remords et des regrets sur ce que je n'ai pas pu faire, sur ce que j'aurais pu faire mieux, mais je me concentre sur mon bonheur de les avoir au quotidien et essaie de ne pas trop y penser. Je préfère aller de l'avant, même si ces choses là restent gravées dans mon coeur et dans un coin de ma tête !

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    1. Bonjour Corinne!:ho mais je te rassure, je profite de chaque instant que la vie m'a donné avec eux. il y a 10 ans, je serai morte en couche en accouchant de mon premier enfant... et meme je n'aurai surement jamais eu mon ainé... donc je positive tout ca, et j'essaie de ne pas y penser non plus. mais là, comme je dit, parfois, un petit pincement se fait sentir... c 'est d 'ailleurs pour cela que je l'ecrit... pour qu'il ne se fasse plus sentir!
      Bises.
      Merci de m'avoir lue....
      Pomme

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  2. Je pense comprendre ce que tu veux dire. A la lecture j'ai pensé (et je l'avoue honteusement) "mais ses enfants sont là et en bonne santé, c'est tout ce qui compte!". Mais je crois que tu parles d'autres choses... On peut être heureux que tout aille bien, surtout quand le bébé est passé à côté du pire, mais regretter de ne pas connaître quelque chose.
    J'ai accouché 2 fois "normalement", la première fois j'ai été déclenchée, pas la seconde. Et ce n'est que cette 2° fois que j'ai compris tout ce qui m'avait été enlevé la première...
    Je suis tout de même contente de mes 2 accouchements qui restent des moments très heureux pour moi (j'ai très peu souffert et tout s'est passé vite et bien), mais je crois que le manque dont tu parles, je le ressentirais aussi si je devais vivre une césarienne.

    En un sens, heureusement qu'elle existe, car sinon des milliers de bébés et de femmes mourraient en accouchant (encore que, ça reste à prouver, au final... Si les techniques étaient plus respectueuses des mères et non des médecins, peut-être éviterait on une bonne partie des césariennes... Sinon comment expliquer que dans certains hopitaux on trouve un seuil de césa à 45% et pour d'autres, de même niveau, un seuil à 10%??)
    Bref, la grossesse et l'accouchement sont des moments très particuliers que l'on ne vivra que quelques fois dans la vie et qui sont très précieux. Quand l'un des événements nous échappe, c'est forcément une douleur...

    Bref, tout ça pour dire que je pense comprendre ce que tu ressens, et c'est vraiment dommage que cette souffrance soit tue, parce que la parole est souvent libératrice, et pas seulement pour celle qui parle!

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  3. Ca a été ma grosse angoisse la césa.
    J'ai perdu les eaux mais arrivée à la mater, dilatation à 0 et bébé très haut.
    L'ocytocine au début pas très efficace a fini par faire son oeuvre mais cela s'est joué à un cheveu. Quelques minutes de plus et je partais en salle d'op' pour une césarienne.
    Je voulais tant être présente pour mon bébé dans ses premières heures de vie que je suis certaine que je l'aurais très mal vécu. Je comprends ton sentiment même si j'ai eu la chance de pas vivre cette situation...

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  4. Je comprends, oh oui, je comprends... 2 enfants, 2 grands préma, 2 césa en urgence dont une sous anesthésie générale... Oui, je suis heureuse que mes filles soient là en pleine forme, et moi aussi soit dit en passant... mais, il reste ce mais... cet accouchement qu'on n'a pas eu (2X!) et qu'on aura peut être jamais... c'est dur et je jalouse les autres quand elles racontent leur accouchement de rêve et leur super lien "magique" et bla bla... et qui me réponsent :oui mais elles sont là, en bonne santé, alors de quoi tu te plaint??
    En gros, on est tous vivants alors pas de quoi regretter quoi que ce soit... Mais effectivement une "petite" amertume demeure malgré tout...

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  5. Comme toi, j'ai eu mes deux enfants par césa, et perdu tout espoir d'accoucher de mon éventuel 3ème par voie basse. Je ne me sens pas pour autan frustrée, mais je regrette ces premières semaines de souffrance, ne pouvoir qu'à peine s'occuper de son bébé, ne pas dormir à cause de la douleur, mon corps marqué par la cicatrice...

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  6. Je comprends tellement, j'avais aussi écrit une article sur le sujet. Je suis une de ces filles qui aiment lire les jolis récits d'accouchements et que le terme "voie basse" fait rêver (faut être un peu barrée je sais, mais j'assume)

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  7. Comme ton billet me parle et me touche au plus profond de moi...
    Comme toi, j'ai "accouché" deux fois par césarienne. Pour le premier, ce fut une très mauvaise surprise. Grossesse de rêve, rien ne présageait un travail si long et inefficace. Césarienne sous anesthésie générale, je n'ai rien vu, rien entendu...
    Pour ma 2e, j'y ai cru! Vraiment! Mais comme pour le premier, un travail trop long et inefficace.
    Je comprends le sentiment d'inachevé. On ne saura jamais ce que ça fait d'accoucher naturellement... et ça reste douloureux d'en parler!

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  8. C'est une bonne chose de parler de ton ressenti que je pense de nombreuses femmes comprennent et partagent. J'ai également très bien vécu la césarienne, qui s'est passé idéalement mais j'avoue que j'espère pouvoir vivre un vrai accouchement la prochaine fois.
    Le plus dur pour toi c'est peut-être d'y être quasiment parvenu pour finalement voir se dérober ce moment de vie...
    Pour moi elle était programmée, je m'étais faite à l'idée mais au début ça m'était resté au travers de la gorge.

    Bises,
    Marie.

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  9. Toxémie gravidique, accouchement déclenché, césarienne en urgence et le mot du gynéco "tant pis" !!! Voilà c'était dit !!! C'était ça ou on mourrait toutes les deux... Cela s'est passé tellement vite que je n'ai pas eu le temps d'avoir des regrets... j'ai juste eu le temps de pâlir à l'annonce de l'intervention (c'est mon homme qui me l'a raconté) Peut-être parce que je n'ai pas aimé être enceinte ??? Peut-être... M'occuper de Filhota a été un très bon remède et je me dis que c'était écrit comme ça... mais je comprends ce sentiment d'inachevé.

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